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Les artistes ont 150 ans d'avance sur les prompt engineers.

Ce que les artistes ont compris il y a 150 ans et que les entrepreneurs commencent tout juste à découvrir avec l’IA : l’impératif de l’intention !

Pour un pro, faire une image, ça veut dire quoi ? Ça veut dire la vendre, avec une intention précise de représentation pour faire cette vente.

Pour un graphiste, créer une image, c’est de la création pure mais aussi une démarche commerciale. Produire une image au hasard ou avec une intention claire, c’est là que se distingue l’amateur du professionnel.

Nathalie Dupuis a parfaitement résumé cette idée dans un webinaire de Matthieu Valin dédié à l’utilisation de l’IA : les pros, peu importe leur domaine, se différencient par leur intention. Une intention forte, c'est ce qui sépare les meilleurs des autres.

Et là, je me suis rendu compte que les artistes avaient 150 ans d'avance sur le sujet. Il y a 200 ans, Nicéphore Niépce invente la photographie et défie les portraitistes, ces peintres du 19e siècle grassement payés pour immortaliser les visages des puissants ou des proches. Le portrait avait une importance sociale énorme : connaître le visage des dirigeants, garder le souvenir d’un être aimé. Sa valeur ? Pas spéculative ni forcément artistique, mais utilitaire. Un travail que je rapproche de l’établissement du bilan annuel de votre entreprise, qui est un instantané tiré par un expert-comptable.

Et puis, la photographie arrive, et là, c’est le choc. Le métier de peintre est en crise. À l’époque, la reconnaissance des peintres dépendait de deux institutions : l’Académie des Beaux-Arts et le Salon de Paris. L’Académie formait les artistes aux normes classiques héritées de la Renaissance, mettant en avant la mythologie, l'histoire, les portraits officiels. Le Salon était la grande vitrine où il fallait être exposé pour gagner en notoriété. Seuls les artistes conformes aux goûts conservateurs de l'époque pouvaient espérer se faire une place.

Mais la photographie change tout. Elle permet de capturer le réel avec une précision que la peinture n'égale pas. En conséquence, la fonction de la peinture comme représentation fidèle du réel est remise en question. Libérés de cette contrainte, les artistes se tournent vers autre chose, élèvent leur rôle : exprimer des émotions, transmettre leurs impressions, leurs visions du monde. C'est le début de l'impressionnisme. C'est là qu'est née la notion d’intention artistique.

Désormais, ce n’est plus tant le résultat qui compte, mais l’intention qui le sous-tend. Les impressionnistes, par exemple, rejettent le cadre académique et se concentrent sur leur interprétation du monde qui les entoure. Ils prouvent que ce qui importe, c'est l’intention derrière l'œuvre. Au 20e siècle, cette idée s’intensifie avec l'art moderne. Les ready-made de Duchamp, c'est justement ça : l’objet est de l'art uniquement parce que l’artiste décide que ça l’est. Tout est dans l'intention.

C’est la différence fondamentale entre une création mécanique et une création intentionnelle. Une photo prise sans réflexion, c’est juste un enregistrement du réel. Pas d'émotion, pas d'idée — juste ce que l'objectif capte. Il n’y a pas d’intention artistique dans un tirage photomaton. Mais une photo intentionnelle, c’est autre chose : chaque élément — lumière, cadrage, timing — est un choix destiné à raconter quelque chose, à transmettre une vision.

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Parce que la grande peur du moment, celle de voir l'IA remplacer les métiers intellectuels, ressemble énormément à la crise que les portraitistes ont connue face à la photographie. Deux grandes révolutions ont découlé de cette remise en question :

  1. L’industrie de l’image est née : avant la photographie, l’image de masse était limitée à la peinture et à la gravure. Le daguerréotype, puis l'argentique, puis le cinéma, puis l’imagerie médicale et enfin l'image numérique ont créé des industries titanesques, c'est le principe de la destruction créatrice de l'innovation.
  2. L'intention artistique a été mise au premier plan : l'art n'était plus simplement une représentation du réel, il était devenu un moyen d'éveiller les consciences, de questionner.

Aujourd’hui, cette même évolution est en train de toucher les métiers d’analyse. Avec l’IA, n'importe qui peut générer un résumé. Mais un pro, lui, va formuler son prompt pour obtenir quelque chose de précis, avec une intention claire. Le linguiste qui veut savoir combien de mots rares se cachent dans l'œuvre de Victor Hugo, ou le cryptographe qui cherche une fréquence de répétition pour décrypter un message, eux, utilisent la puissance algorithmique de l’IA en sachant exactement ce qu'ils veulent obtenir.

Si on veut tirer le meilleur de cette technologie, il est urgent de développer notre capacité à formuler des intentions. Ces nouveaux outils sont incroyablement puissants, mais c’est à chacun de décider s’il les utilise pour aller quelque part de précis, ou s'il se laisse porter par la vague d'une automatisation sans direction.

Qu'en pensez-vous ? Est-ce qu'on se laisse dériver, ou est-ce qu’on prend la barre ?

Je vous accompagne pour optimiser les processus de votre entreprise. Avec des solutions comme Odoo, l’IA vous permet de gagner beaucoup de temps de traitement de données. Mais vous permet aussi d’avoir accès à ces données et de créer des indicateurs alimentés en temps réel sur la vie de votre entreprise. On passe d’une situation dans laquelle faire un arrêté des comptes demande 4 mois à votre cabinet comptable, à la possibilité de générer un arrêté intermédiaire en deux heures. Qu’est-ce que celà change dans votre métier de chef d’entreprise ? Continuerez-vous à attendre la réunion du mois de mai pour savoir si l’année passée a été rentable, ou êtes vous prêt à piloter la rentabilité de chaque projet au jour le jour ?

Réfléchissons ensemble à vos intention, quelle entrepreneur voulez-vous être, quelle forme d'entreprise voulez vous développer ? 

Ci-dessous le lien vers le webinaire de Matthieu Valin qui a inspiré ma réflexion.

Les artistes ont 150 ans d'avance sur les prompt engineers.
Ghislain Moret de Rocheprise 4 décembre 2024
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